Friday, December 27, 1996
Vientiane, aéroport domestique
Thursday, December 26, 1996
Wednesday, December 25, 1996
Accent tonal
-
Vous avez un « Phrase Book », lui demanda la libraire ?
-
Euh, non. Ils ne parlent pas tous français au Laos ?
-
Détrompez-vous, c’est indispensable, fouillant dans ses bouquins. Faites
attention, on gaffe facilement. Ce sont des langues tonales et on met l’accent
là où il ne faut pas.
-
Ah bon ?
-
Tenez, le mois dernier, la femme de l’ambassadeur d’Australie qui avait déjà
beaucoup gaffé, a voulu s’excuser en public. Elle a dit une phrase dans
laquelle il y avait « Khô Thôk » et toute la salle a éclaté de rire.
Elle s’est tournée vers l’interprète :
-
Qu’est-ce-que j’ai dit ?
Il
était très embarrassé.
-
Madame... je ne peux pas.
-
Mais si, a-t-elle insisté !
L’interprète
ne pipait mot.
-
Dites-le moi a-t-elle presque crié !
Il
a rougi, puis est devenu blanc et il a fini par murmurer :
-
Madame, excusez-moi, mais vous avez dit « J’ai envie de péter ».
-
Comme les Laos sont plutôt scatos, poursuivait Julie, ça leur a plu, vous
pensez ! « Khô Thôk », avec accent sur la
première syllabe, c’est « péter », alors que Khô Thôk », avec accent
sur la deuxième syllabe, c’est « excusez-moi ».
Elle
lui tendait le « Phrase Book ».
- ça fera vingt-huit Francs.
Montrez les phrases écrites dans le livre, c’est plus prudent.
Quelques
jours plus tard à Vientiane, ce 17 décembre, au café « Maxai » au bord du Mékong, Mat essayait
d’apprendre comment on disait « merci ». Au fil des heures et des
bières, il criait sous n’importe quel prétexte et de plus en plus fort « Khôp Jai », « Khôp Jai ». Les Laos de la
terrasse étaient morts de rire et Mat enchanté de l’ambiance.
Lorsqu’ils ouvrirent la porte de leur bungalow, l’air y était glacé, la climat bloquée sur 12o. Dans l’après-midi, AJJ trouvait qu’il faisait trop froid. Il avait demandé qu’on augmente la température mais n’avait pas dû mettre le bon accent tonal.
Lorsqu’ils ouvrirent la porte de leur bungalow, l’air y était glacé, la climat bloquée sur 12o. Dans l’après-midi, AJJ trouvait qu’il faisait trop froid. Il avait demandé qu’on augmente la température mais n’avait pas dû mettre le bon accent tonal.
Monday, December 23, 1996
Prologue
Planifié, acheté, délimité dans le temps et
dans l'espace, consommé et raconté, le voyage est jeté dans le carton à photos.
Avant, les voyageurs ne savaient ni où ils partaient ni s'ils reviendraient.
Aujourd'hui, ils ne savent même pas d'où il reviennent. Ma a emmené AJJ faire
un tour à vélo. Le bord du lac, qu'il sillonne à fond de train en auto
depuis vingt ans, et qui lui a toujours paru, non pas insipide mais tout
simplement inexistant, existait, soudain. La sinuosité de la rive, les petites
plages enfouies, le calme de l'eau, les falaises insoupçonnées, les vignes
abruptes, tout cela est là depuis toujours, sous son nez, mais il ne voit rien.
Il va en Egypte, au Pérou, il regarde
avidement et ne voit rien. Le voyage, immersion profonde, lui échappe comme un
savon mouillé.
Alors il multiplie les destinations comme Don
Juan les conquêtes.
Comme tant
d'autres, il est un impuissant du voyage.
Friday, August 16, 1996
South of Java
Un vent violent soulève la mer qui vient
mourir sur les sabots des chevaux. Les carrioles foncent sur le sable dur à la
lisière des éléments, à la frontière vers l'infini, entre eau, terre, ciel et
mirages. L'infini, ils y vont. Il est fait de dunes, d'habitations ensablées et
de paillotes. Personne que le vent entêtant et le bruit de la mer. On rencontre
ici les rêves anciens. Le détroit de Malaka, laissant Sumatra par tribord, puis
Batavia. Les bas fonds de Makasar, les monstres et princesses de Bali, les
hommes-dieux enfouis dans la jungle de Bornéo, le dragon de Komodo. A l'Est, au
confins du mystère, la Nouvelle Guinée. Ecartelé entre son besoin de confort et
sa soif de romanesque, l'AJJ avance lentement. Cette fois-ci, il a poussé
l'audace jusqu'à goûter des palaces équatoriaux, s'aventurant parfois dans les
rues et les campagnes, trempant courageusement son gros orteil dans l'océan
Indien pour revenir se blottir dans la piscine et la climatisation de son trois
étoiles.
- Tu vois mon vieux, si tu veux vraiment voir
le pays, il faut quitter les cinq étoiles, explique-t-il à la ronde dès son
retour. Et puis, il faut apprendre la langue. Tu vois, moi, j'ai appris je me promène, jalen. Ça t'ouvre des portes, t'es tout de suite adopté quand tu
parles la langue.
- Iles de la Sonde, je vous ai foulées, savoure-t-il
dans le 747 qui l'enlève.
Friday, August 09, 1996
Borobudur
Borobudur, 6 a.m. - Mille échoppes qui commencent à ouvrir. Brume.
Pour le lever de soleil sur Borobudur, il faudra
repasser. Quel monde! Si les lieux avaient de la magie, ça gênerait mais ce
Borobudur, c'est un gros tas de cailloux mastoc. Aucun élancement vers le ciel
mais un énorme truc carré. Bizarre que ça attire autant de monde.
Quatre-vingt-seize bouddhas de pierre sur la
seule première terrasse. Et il y a six étages carrés surmontés de trois
terrasses circulaires. C'est une vraie saturation bouddhique. Pour rompre la
monotonie, la main droite des statues fait une chose différente sur chaque côté
du temple. Main droite ouverte, paume vers le ciel en guise de mendicité, main
levée en signe de salut aux passants et trois autres gestes de significations
diverses.
Tout au long du long parcours, une lancinante
bande dessinée de pierre. Lorsqu'après plusieurs kilomètres de rotation
ascendante, ils parviennent enfin au Nirvâna symbolisé par une forêt de stupas,
ils tombent sur un groupe de jeunes AJJs bruyants.
- Allez, on se casse! On a encore trois heures
de route pour arriver au plateau de Dieng, gueule une jeune française, Décatlon 25 au dos et banane Easy sur le ventre.
Au sommet de cette gigantesque tourte
d'anniversaire, il ne manque que les vendeurs de Gelati Motta.
En route pour Borobudur
Pour voir Borobudur au lever du soleil, ils
ont demandé à être réveillés à 04.30h. La veille au soir à onze heures, alors
qu'ils dorment, le chauffeur les appelle pour leur confirmer que c'est toujours
en ordre pour le lendemain à cinq heures, mais avec un autre chauffeur.
- Oui, merci, c'est gentil d'avoir appelé.
A quatre heures, réveil par le téléphone.
Dans la camionnette à l'aube, le vent glacé
de la clim caresse les jambes nues d'AJJ:
- Please, could you reduce the climatisation?
- Pardon?
- Could you reduce the clim?
- Oh yes, you can climb the Merapi and it ...
- OK, thanks, coupe-t-il en manipulant sans
succès tous les boutons du tableau de bord.
Thursday, August 08, 1996
Pemecutan Palace
Le Pemecutan Palace Hotel vaut le détour.
Installé dans un ancien palais au centre de Denpasar, les chambres donnent sur
une cour immense arborisée et bourrée d'animaux en liberté, enfermés ou
empaillés. Il y a même un tigre. Le Palace manque de clients. Il est au soins
palliatifs depuis longtemps. Les restes de la splendeur côtoient la misère
présente. Les salles des restaurants, les patios, les bars sont désespérément
vides à toute heure. Une bombe à neutron a passé par là, n'épargnant que les
animaux et les jeunes grooms en costumes de bagnards, avec balais et plumeaux.
Parfois fugacement, un hôte passe devant la cage du doberman tandis que les
paons grincent comme des gamins. Dans les chambres, les ressorts des lits
transpercent les corps, les TV importées des stocks de l'ex-RDA ornent les murs
et le téléphone fait joli sur la table de nuit. Il fonctionne mais n'aboutit
nulle part. Une carte des mets subsiste mais il y a bien longtemps que les
cuisines sont muettes.
Lieu étrange que le Pemecutan Palace où des
garçons en livrée apportent cérémonieusement du thé, des linges de bain et des
savons, mais où le robinet d'eau chaude délivre de l'eau froide, où le réservoir
des WC ne se remplit pas, où la
lunette est un puzzle, où les patères tombent au moindre effleurement et où le
porte-PQ est décoré de fleurs mais sans PQ.
Drôle d'endroit que le Pemecutan Palace Hotel
avec son huissier triomphant à l'entrée d'un lobby rutilant, ses statues de
pierre ornées de fleurs par de vieilles femmes courbées à l'équerre et la
pendule dorée, à côté du portrait de Suharto jeune, bloquée pour toujours sur minuit moins
cinq.
Tuesday, August 06, 1996
A la manière de Don Camillo
- Oui, observe pensivement le créateur, cette
version 1.0 de l'AJJ n'est pas très réussie. Il faudrait que je retouche la
stabilité psychologique pour la version suivante. Par la même occasion, je
raccourcirai le nez pour qu'il puisse le mettre dans un masque et admirer les
fonds sous-marins. D'ailleurs elle est bien impertinente, cette première
version!
- Hé, ho, dis donc là, mon créateur, lui
glisse l'AJJ une lueur dans l'œil!
- M'ouais, grogne le créateur qui a fait AJJ
à son image?
- On pourrait pas faire sauter tous ces récifs? Comme ça, on pourrait faire du dériveur ou de la planche à
voile sans risquer de s'éventrer sur les coraux? Au moins, on pourrait s'amuser
un peu dans le coin. Si tu le fais, je promets que je ne râlerai plus, disons,
pendant une bonne semaine.
Le créateur est fin psychologue.
- D'accord, répond-il, mais je t'avertis,
cela fera aussi venir le ski nautique et les scooters d'eau, sans compter les
barracudas et même peut-être les requ,...
- Ah, oui, j'avais pas pensé, soupire l'AJJ,
laisse tomber. T'as gagné comme d'habitude. T'es content n'est-ce-pas?
C'est ainsi, dit la légende balinaise, que le
nord de l'île a été préservé, il y a de cela bien longtemps. Cet épisode est
joué au théâtre d'ombres le soir dans les villages avec de grands cris rauques
et des marionnettes dont l'une a un étonnant grand nez.
Labels:
Bali
Location:
Anturan, Buleleng, Indonesia
Snorkeling, no snorkeling
La proue du praho fend la mer du matin. De
loin en loin, quelques coques éparses comme des libellules.
A la barre, un gosse en casquette de
base-ball. Sur des planchettes posées en travers de la coque, quatre passagers
assis l'un derrière l'autre comme dans un bus.
Ils vont observer le récif de corail avec
palmes, masque et tuba. L'équipage y
jette l'ancre auprès de deux autres prahos dont les passagers nagent
déjà. En quelques minutes, arrivent deux, puis trois bateaux chargés. Il y a à
présent quelque trente personnes qui barbotent autour des bateaux. Le corail
est triste. les poissons se sont tirés depuis longtemps. Même les tomates et
les étoiles ont trouvés le moyen de migrer loin du «best place for snorkeling
of the beach». Les jeunes marins admirent les jolis derrières des nageuses et
discutent entre eux. L'AJJ fait partie de l'expédition. Son instabilité
psychologique demeure d'ailleurs un sujet de préoccupation. La veille au soir,
il déclarait, après la cinquième Bintang, vouloir tout abandonner et écrire des
cartes postales depuis ce rivage béni et ce matin, il maugrée à peine levé qu'il faut aller en troupeau admirer ces récifs qui l'indifèrent, et en plein soleil par dessus le
marché. Il a jeté un coup d'oeil sous l'eau puis a rendu ses palmes qui
lui faisaient mal, son masque qui lui écrasait le nez et son tuba qui prenait
l'eau.
- There isn't anything beautiful here under,
ronchonne-t-il, jetant le matériel dans la pirogue.
Labels:
Bali
Location:
Lovina Beach, Buleleng, Indonesia
Sunday, August 04, 1996
Lovina Beach
A l'Est d'Anturan
Pas un objet sur la mer.
Quelques
prahos et rien. Ni canot moteur, ni canot à rame, ni pédalo, ni moto nautique,
ni planche à voile, ni surf, ni catamaran, ni voilier. Juste un praho parfois
et la musique d'un kulkul dans la brise. Un bistrot, trois tables, quatre
chambres et la grosse patronne en robe bariolée qui fait frire un peu de
croque. Dans la chaleur du plein après-midi, trois poules prennent le frais sur
la véranda. Entre le resto et l'eau, quatre piquets, une plate-forme et un toit
de tôle. Deux hommes y somnolent. Comme les poules.
Labels:
Bali
Location:
Jalan Pantai Lovina, Buleleng, Indonesia
Saturday, August 03, 1996
Dans les rizières vers Ubud
Promenade dans les rizières, puis Temulawak et Tahu Santan dans un Warung. Comprenne qui pourra. Les rizières à perte de vue sont aussi vertes que la mer est bleue à part que la mer est bleue et que les rizières sont vertes. Enfin elles ne sont pas de la même couleur mais l'impression générale est la même. Elles sont plantées de cocotiers (pas la mer, les rizières !). Ne pas s'arrêter pour s'éponger sous un cocotier. Parfois une noix de quinze kilos tombe. Les rizières sont superbes de près comme de loin mais ça reste de la campagne et ça n'est pas le milieu préféré de l'AJJ.
D'ailleurs, dans les grandes ballades par 35 à l'ombre et 80 % d'humidité, Ma prend toujours avec elle un demi régime de bananes pour nourrir l'AJJ qui est sujet aux coups de barre. Dans ces cas là, il est capable de tout et il est indispensable d'avoir de quoi le calmer.
Ubud
Ils ont quittés leur refuge pour friqués et
sont parti au centre de l'île où
il y a de grands noirs grimaçants qui brandissent d'énormes phallus en érection
et des hommes sous de lourds costumes démoniaques qui se démènent au rythme de
la musique.
Il parait qu'il y a aussi des temples.
Dans leur bungalow, la moustiquaire a été
attaquée au bazooka.
La douche n'a pour seule fonction que de
stimuler les vertus spartiates. Il y a bien un pommeau à but décoratif car
l'eau n'en sort que lorsqu'il est abaissé à dix centimètres du sol. A moins de
prendre sa douche couché sur le sol... non, la vraie douche est un pichet de
plastique d'eau glacée qu'on se balance sur la tête.
Friday, August 02, 1996
Legong
Ce soir, danse. Sinon c'est aller en Suisse
sans manger de raclette, à Paris sans tirer de bleue ou à Vegas sans perdre 1000 dollars au blackjack.
Ce soir dong, Legong. L'AJJ se réjouit déjà.
Le Legong est une danse accompagnée de
musique où des jeunes filles en sarongs multicolores se déhanchent, se
tordent les doigts et roulent les yeux à gauche et à droite. Parfois, elles
fixent leur regard droit devant elles en écarquillant les pupilles.
C'est très beau. D'ailleurs, il y a plein de
gens qui font des tas de photos. C'est beau mais c'est monotone. Durant le spectacle, il y a quand même du
suspense. Une danseuse s'est prise le pied dans son sarong. Elle profite de la
figure suivante pour le dégager. Le résultat est catastrophique: le pied est à
présent entièrement emmailloté dans l'étoffe. Elle sourit, lance des oeillades
sur le rythme endiablé de la musique.
- Elle n'a pas remarqué, jubile l'AJJ!
- Ah...zut, elle s'en sort bien!
En effet, elle se dégage par petites
touches sans en faire pâlir son jeu subtil.
Ma qui remarque tout a proposé à
AJJ de partir avant la fin.
- Oh oui, a-t-il répondu, de derrière, ce
sera encore plus beau!
La vérité c'était que Ma était pressée de
finir «Jurassic Park».
Au resto, elle a renoncé au dessert et au
café, elle a fait semblant d'avoir sommeil et à peine dans la case, elle s'est
allumée une sèche à la pistache et s'est plongée dans son bouquin. Il en
résulte qu'ils se retrouvent à minuit:
1. dehors
sur deux fauteuils datant de la conquête hollandaise,
2. la
lumière allumée,
3. entourés
de moustiques tueurs,
4. et,
pour gommer le danger, d'une bouteille de J&B.
Thursday, August 01, 1996
Premier matin
Boum, boum, boum.
Boum, boum, boum.
- Atchinaratari, Atchinatanaratari !!
AJJ ouvre la porte: dans le soleil qui
l'aveugle, la préposée est sur le seuil.
- May I clean the room ?
- Later.
A midi, elle revient, pas contente. Il promet
de se tirer dans le quart d'heure. Il sort écrasé par la chaleur. Autour des
piscines, dans les cocotiers, palmiers, cascades, fleurs et cerfs-volants, des
éclats de voix en néerlandais et australien.
Plongé longuement dans la piscine du bar, les
mollets massés par les jets de jacusi et le gosier par ceux d'Heineken glacée,
l'AJJ se console et se noie. De
grands verres d'Arak lui ouvrent les yeux : les bungalows sont des
oeuvres d'art précolombiennes.
- En Egypte, c'est vieux et foutu tandis
qu'ici c'est neuf, c'est la seule différence, marmonne-t-il.
Il paie avec le numéro de la chambre de
Gottfried.
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Tuesday, July 30, 1996
Jetlag
L'AJJ prend possession de sa chambre.
- Please, at which hour does the night fall,
demande-t-il au groom?
Comme il sort de la salle de bain, le groom
comprend:
- Please, which shower might fall, et le
regarde interloqué?
- Ouais, bon... when does it become dark?
- At seven.
Lorsque la nuit tombe, ils sont avec Gottfried,
un allemand de rencontre. Le courant s'est établi entre lui et Ma à travers une
sèche qu'elle lui a piqué. Tandis qu'ils discutent à corps perdus, l'AJJ
s'ennuie.
Dans la nuit devant l'Océan où l'on distingue
à peine la ligne blanche des vagues sur la barre de corail qui protège la
plage, il pique à Ma une bouffée de cigarette au girofle. Elle a le goût des
premières sèches fumées en cachette sur les rochers du Cassis de son enfance. C'est en vain qu'il tente de faire partager cette sensation infinie à Gottfried.
La nuit, le fantôme de KTM revient, Ma dort, AJJ écrit.
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