Planifié, acheté, délimité dans le temps et
dans l'espace, consommé et raconté, le voyage est jeté dans le carton à photos.
Avant, les voyageurs ne savaient ni où ils partaient ni s'ils reviendraient.
Aujourd'hui, ils ne savent même pas d'où il reviennent. Ma a emmené AJJ faire
un tour à vélo. Le bord du lac, qu'il sillonne à fond de train en auto
depuis vingt ans, et qui lui a toujours paru, non pas insipide mais tout
simplement inexistant, existait, soudain. La sinuosité de la rive, les petites
plages enfouies, le calme de l'eau, les falaises insoupçonnées, les vignes
abruptes, tout cela est là depuis toujours, sous son nez, mais il ne voit rien.
Il va en Egypte, au Pérou, il regarde
avidement et ne voit rien. Le voyage, immersion profonde, lui échappe comme un
savon mouillé.
Alors il multiplie les destinations comme Don
Juan les conquêtes.
Comme tant
d'autres, il est un impuissant du voyage.
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