Thursday, August 08, 1996

Pemecutan Palace

Le Pemecutan Palace Hotel vaut le détour. Installé dans un ancien palais au centre de Denpasar, les chambres donnent sur une cour immense arborisée et bourrée d'animaux en liberté, enfermés ou empaillés. Il y a même un tigre. Le Palace manque de clients. Il est au soins palliatifs depuis longtemps. Les restes de la splendeur côtoient la misère présente. Les salles des restaurants, les patios, les bars sont désespérément vides à toute heure. Une bombe à neutron a passé par là, n'épargnant que les animaux et les jeunes grooms en costumes de bagnards, avec balais et plumeaux. Parfois fugacement, un hôte passe devant la cage du doberman tandis que les paons grincent comme des gamins. Dans les chambres, les ressorts des lits transpercent les corps, les TV importées des stocks de l'ex-RDA ornent les murs et le téléphone fait joli sur la table de nuit. Il fonctionne mais n'aboutit nulle part. Une carte des mets subsiste mais il y a bien longtemps que les cuisines sont muettes.
Lieu étrange que le Pemecutan Palace où des garçons en livrée apportent cérémonieusement du thé, des linges de bain et des savons, mais où le robinet d'eau chaude délivre de l'eau froide, où le réservoir des WC ne se remplit pas, où la lunette est un puzzle, où les patères tombent au moindre effleurement et où le porte-PQ est décoré de fleurs mais sans PQ.
Drôle d'endroit que le Pemecutan Palace Hotel avec son huissier triomphant à l'entrée d'un lobby rutilant, ses statues de pierre ornées de fleurs par de vieilles femmes courbées à l'équerre et la pendule dorée, à côté du portrait de Suharto jeune, bloquée pour toujours sur minuit moins cinq.

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