Le Pemecutan Palace Hotel vaut le détour.
Installé dans un ancien palais au centre de Denpasar, les chambres donnent sur
une cour immense arborisée et bourrée d'animaux en liberté, enfermés ou
empaillés. Il y a même un tigre. Le Palace manque de clients. Il est au soins
palliatifs depuis longtemps. Les restes de la splendeur côtoient la misère
présente. Les salles des restaurants, les patios, les bars sont désespérément
vides à toute heure. Une bombe à neutron a passé par là, n'épargnant que les
animaux et les jeunes grooms en costumes de bagnards, avec balais et plumeaux.
Parfois fugacement, un hôte passe devant la cage du doberman tandis que les
paons grincent comme des gamins. Dans les chambres, les ressorts des lits
transpercent les corps, les TV importées des stocks de l'ex-RDA ornent les murs
et le téléphone fait joli sur la table de nuit. Il fonctionne mais n'aboutit
nulle part. Une carte des mets subsiste mais il y a bien longtemps que les
cuisines sont muettes.
Lieu étrange que le Pemecutan Palace où des
garçons en livrée apportent cérémonieusement du thé, des linges de bain et des
savons, mais où le robinet d'eau chaude délivre de l'eau froide, où le réservoir
des WC ne se remplit pas, où la
lunette est un puzzle, où les patères tombent au moindre effleurement et où le
porte-PQ est décoré de fleurs mais sans PQ.
Drôle d'endroit que le Pemecutan Palace Hotel
avec son huissier triomphant à l'entrée d'un lobby rutilant, ses statues de
pierre ornées de fleurs par de vieilles femmes courbées à l'équerre et la
pendule dorée, à côté du portrait de Suharto jeune, bloquée pour toujours sur minuit moins
cinq.
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