Un vent violent soulève la mer qui vient
mourir sur les sabots des chevaux. Les carrioles foncent sur le sable dur à la
lisière des éléments, à la frontière vers l'infini, entre eau, terre, ciel et
mirages. L'infini, ils y vont. Il est fait de dunes, d'habitations ensablées et
de paillotes. Personne que le vent entêtant et le bruit de la mer. On rencontre
ici les rêves anciens. Le détroit de Malaka, laissant Sumatra par tribord, puis
Batavia. Les bas fonds de Makasar, les monstres et princesses de Bali, les
hommes-dieux enfouis dans la jungle de Bornéo, le dragon de Komodo. A l'Est, au
confins du mystère, la Nouvelle Guinée. Ecartelé entre son besoin de confort et
sa soif de romanesque, l'AJJ avance lentement. Cette fois-ci, il a poussé
l'audace jusqu'à goûter des palaces équatoriaux, s'aventurant parfois dans les
rues et les campagnes, trempant courageusement son gros orteil dans l'océan
Indien pour revenir se blottir dans la piscine et la climatisation de son trois
étoiles.
- Tu vois mon vieux, si tu veux vraiment voir
le pays, il faut quitter les cinq étoiles, explique-t-il à la ronde dès son
retour. Et puis, il faut apprendre la langue. Tu vois, moi, j'ai appris je me promène, jalen. Ça t'ouvre des portes, t'es tout de suite adopté quand tu
parles la langue.
- Iles de la Sonde, je vous ai foulées, savoure-t-il
dans le 747 qui l'enlève.
Un grand pas pour lui, un petit pas pour
l'humanité.
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