Sunday, May 08, 2022

Rome en coulisses, mai 2022

 30 avril 2022

(vers des gribouillis)


Le Panthéon est magnifique de nuit

Un autre vestige


Fontaine de Trévi un dimanche, foule heureuse, amicale, aimante, sous une pluie fine.




Le monument grandiloquent à la gloire de Victor-Emanuel II. Les Romains l’appellent le râtelier, ou la machine à écrire. Comme les monuments de l’Empire, à son apogée ?

Ruines et modernité



Un plat populaire, le « Tonnarelli cacio e peppe », des pâtes en forme de spag épais et creux, servis avec une sauce au poivre et au fromage, le cacio. Elle est savoureuse, mais les « tonnarelli » ont une consistance de gnocchis. Pour ceux qui aiment.


Une grande église au haut des marches du Capitole, déserte, fraîche, après la ruée des véhicules sur dix voies, en contrebas. Une partie des colonnes est de récupération antique, comme à Syracuse. 


Dans cette ville, juxtaposition d’époques qui ont tenté de marquer leur permanence de leurs bâtisses gigantesques. Celles de l’Empire romain ne sont que ruines ; le râtelier est encore intact, mais la monarchie, qu’il porte aux nues, est déchue. Même cette église a du plomb dans l’aile, avec ses peintures abstraites criardes, son préposé qui passe l’aspirateur, et son absence d’eau bénite à l’entrée. Mais, à l’abri des foules touristiques du Capitole antique tout proche, quelle paix idyllique! C’est une période bénie, où les églises sont désertées, mais encore intactes et entretenues, une période charnière qui m’enchante.


La non-visite du Forum antique et du Palatin.

Depuis le Capitole, belle vue sur le Forum, grouillant de visiteurs en contrebas. 



Sur l’invitation d’un arc de Triomphe intact, juste à notre côté, nous décidons d’entrer dans la zone payante, protégée par des grillages, pour descendre dans le Forum et remonter, au-delà, sur le Palatin. Mais au guichet, une femme au téléphone qu’on dérange.

–– Buy tickets on site, aboie-t-elle !

–– Et ici ?

–– Non, à l’entrée !

–– C’est où ?

Elle le dit à toute bombe en italien.

–– No capisco.

Elle le répète à toute berzingue en français. Faut faire un grand tour incertain dans l’avenue qui conduit au Colisée lointain.

–– On site, c’est lequel, je demande ?

Elle sort une pancarte : Coopculture.it


Bon, on a renoncé pour aujourd’hui, ou pour toujours.


Le charme de Rome est ailleurs, là où nous sommes un peu plus tard, middle of nowhere, à l’ombre des vespas, motos, un café, une micro terrasse, orientée nord, à la fraîche.

Les ruines n’ont qu’à aller se faire voir … par d’autres.


Midi, Antica Birreria Peroni, tombés dessus par hasard… grâce à la crise NoForum. Impec ce resto, ouvert depuis 1909, sans terrasse, le Romand du coin (à Lausanne). Bon, par cher, chaleureux. Enfin bon… pour la cuisine romaine, oui, qui ne semble pas avoir la finesse de la vénitienne, tout comme l’architecture, antique et actuelle semble moins subtile que les palais vénitiens. Sans même comparer avec Venise, des villes comme Sienne, Lucca, Padoue, Mantoue, Bologne, Parme même qui ne casse rien, sont plus belles que la Rome du premier regard. Le lieu magique est encore à découvrir ici.


Après trois jours, Rome ne nous dévoile donc pas encore ses charmes. La plupart des sites ne m’intéressent guère. Et si oui, la visite est impérativement guidée et payante. Cineccita : « ne peut être visité qu’avec un guide, tous les jours à 10h30, 12h30, 14h30 et 16h30. » Sur tiqets.com, il y a quelques photos prises par des visiteurs. Ce sont, pour l’essentiel des ruines de l’Empire romain qui sont, elles debouts et flambant neuves. On peut entrer dans un sous-marin qui a permis le tournage de « U571 », visite guidée en anglais et en italien. Castel San Angelo, visite individuelle libre possible, mais acheter billets à l’avance, car, un peu partout, le nombre est limité, sous doute COVID oblige.

Encore nous faut-il avoir envie de visiter le Vatican, la basilique St-Pierre, la chapelle Sixtine, le Colisée, le Forum, le Palatin, l’intérieur du Panthéon, les Thermes de Caracala, le Circus Maximus, les moulages de la colonne Trajan, vue ce matin en passant, mais qu’elle est notre envie de voir tout cela en moutons préprogrammés ?


Leonard De Vinci. Belle expo de machines reconstituées par une école d’ébénisterie. Génial, pas guidé, bien expliqué, peu de monde, loin des voyages organisés. On peut même expérimenter les catapultes, l’arbalète géante, les vis sans fin, la machine à faucher les ennemis, ou encore une sorte d’hélico.







21h, au resto Trilussa Trastevere, belle ambiance de retrouvailles post deux années de Covid, qui a touché si durement l’Italie. Plus de masques depuis deux jours, les gens s’embrassent, s’enlacent, se sourient, se parlent avec joie.

Mercredi 3 mai

Ma est plus fine que moi. Au lieu de dire « Je m’ennuie à Rome », elle dit « Et si on sortait de Rome pour visiter un village médiéval, au bord d’un lac ? » Ça c’est du positif!




Bracciano, midi, à 50 km au nord-ouest de Rome.

Au Ristoranto de Castello, on n’est pas compliqués.

–– Carbonara, mais sans truffes et pas de pasta Tonnarelli, svpl, commandé-je.

–– Mais, elles sont aux œufs et faites maison, m’objecte la patronne!

–– Oui mais, je ne les aime guère, je préférerais des spaghettis.

–– Mais, elles sont comme les spaghettis, longues, juste creuses, fait-elle en mimant le vide intérieur des tonnarellis.


–– Merci, mais non, je n’aime pas leur pâte.

–– Des gnocchis, alors ?

–– Non merci, c’est la même pâte.

–– Des cravatini, alors, craque-t-elle ?

–– Oui, mais ça a quelle forme ? Vous pouvez me les dessiner ? 

Je rigole. Elle est soulagée.

–– Alora, cravatini carbonara con truffo nero !

–– Non, pas de truffe, svpl. Je n’aime pas les truffes.

Elle a un haut-le-corps, cette fois-ci au bord de la dépression, mais parvient encore à sourire.

Arrivent deux Fanta, commandés sous le nom d’Oranginata, que nous espérions oranges pressées. On les renvoie et on demande deux petites bières.

–– Et pour Madame, demande la patronne, en ayant fini avec moi ?

–– Je ne mange pas de viande.

Comme il n’y a que cela sur la carte, Ma négocie de la chicorée pas cuite et des patates al forno.


Mercredi soir, 3 mai

Here we are again, we are back in town à l’Antica Birreria Peroni, après avoir vérifié que la via Veneto était bien morte, même le fantôme de Mastroiani ne la hante plus. Le luxe s’est déplacé aux abords de la place d’Espagne. Fleur de courgette (fiori di zucca), légumes gratinés, laitues & olives relevées, spaghettis carbonara pour comparer avec la sauce de midi à Bracciano.


Le Panthéon éclairé le soir, l’extérieur, derrière, de côté, devant, de loin, sous le porche aux colonnes si gigantesques, est, de loin, notre monument préféré de Rome.



Jeudi 4 mai, 8h, petit-déjeuner

Nous partons après-demain et avons réussi le grand chelem. Nous ne sommes pas entrés dans le Vatican, nous n’avons pas visité la chapelle Sixtine, nous ne sommes pas entrés dans le château Saint-Ange, mais avons frôlé ces hauts lieux. Nous n’avons pas pénétré dans le Forum antique ni monté sur le Palatin, demeure des empereurs ; nous ne nous sommes pas rendus au Colisée, ni dehors ni dedans, nous avons vu de loin le « râtelier » à la gloire de l’unité italienne, c.-à-d. à la conquête du sud par le royaume de Savoie ; on n’est pas entré dans le Panthéon ; on n’a pas mis la main dans la bouche de la Vérité. Les thermes de Caracalla nous restent inconnus. On n’est pas allé dans les catacombes, mais on a vu deux ou trois trucs et on en garde pour revenir une saison non touristique, un jour ou jamais.

Qu’est-ce qu’on pourrait bien, ne pas aller visiter aujourd’hui et demain, nous demandons-nous ? Tivoli ? Aventin ? Le plus vieux pont de Rome, ~70 av. J.-C. = avant Jules César ?


À défaut d’inondation culturelle, Rome, c’est bon pour le physique. Avons marché 10 km/j depuis 5 jours. Vous cherchez un stage de remise en forme ? Allez à Rome !



Le bus #860 nous fait passer d’un coup du sud au nord de la ville. 13h, villa Giulia, somptueux musée étrusque. Quelle finesse artistique, plus de 500 ans avant Jules César ! Vraiment dommage que ces brutes de Romains  aient supplanté les Étrusques.



À deux pas, le Caffè delle Arti, goût et luxe, finesse, des ancêtres étrusques, sans doute. Belle salle d’un ancien palais, plafond à dix mètres de hauteur. À part nous, il n’y a que des Romaines et Romains aisés, du quartier huppé de Parioli, à 1 km au nord.


On a vu aussi un tram de l’ancien temps.



Dans le parc de la « Villa Borghese », la villa Borghese semble ne pas exister. Lac, genre Sauvablin, à Lausanne. Pour 2 euros p/p, on peut louer une barque à rames ½ h. Les amateurs ne savent pas ramer. Quand enfin, une barque parvient à se mouvoir, elle opte pour la marche arrière permanente. Avec un haut-parleur, le loueur invite la #13 à rentrer, mais elle ne parvient pas à se diriger. Business rémunérateur. Aucun gilet à bord.


Place del Popolo, vaste, assez belle.


Mausolée d’Auguste… en « construction ».


Le bilan de cette virée approche et c’était bien, très bien, enfin pas mal, et pour singer de Funes, chef d’orchestre dans la Grande Vadrouille, passable, quoi. Le matin du vendredi 5 mai, nous sommes parvenus à zapper la guerre en Ukraine. Une nouvelle arrivante filme, dans un long travelling, le buffet du petit-déjeuner, probablement pour le charger sur le Net, avec les photos de sa chambre et de sa salle de bain, comme je le ferai peut-être de ce non-guide.


À chaud, mon best of du peu qu’on a pu entrevoir de Rome, en une semaine. En vrac, dans le désordre et comme ça vient :


  • La rive du Tibre de jour, sous la route encombrée.


et même la nuit


  • Le silence des moteurs électriques.
  • La politesse des Romains, yc des conducteurs à l’égard des piétons.
  • L’intérieur de l’église, au haut du Capitole.
  • La place, la jouxtant en contrebas, dessinée par Michel-Ange ; en style baroque?

  • Se perdre au hasard dans les rues, les ruelles, des artisans de tout.

  • La Villa Giulia et son musée étrusque.
  • L’Antica Birreria Peroni, pour son ambiance.
  • Le Caffè delle Arti, pour son ambiance.
  • Le syrah du Lazio, bon et bon marché.
  • Le quartier Campo di Fiori, animé et proche de tas de trucs.
  • Café à un bar, sans savoir où l’on se trouve.
  • Chercher des Amarelli au réglisse dans les Tabachi pour mes fils.
  • La Rome sans touristes… à part nous.

  • Shopping à la via Corso.
  • Et même, l’hôtel Residenza Farnese est bien, si l’on oublie l’étoile en trop ; la rue est calme, Il est bien situé. Juste éviter la chambre #308 (semi-borgne). Personnel très agréable.

  • L’extérieur du château Saint-Ange. En fait, c’est un parc,  avec verdure et douves.

  • Le filet de bœuf au poivre vert de Da Pancrazio, Piazza del Biscione, 92/94, à l’endroit précis où Jules Cesar s’est fait tuer, dans l’ancien théâtre de Pompée, aujourd’hui détruit. Le sénat s’y réunissait en -44.

  • Et last but not least, les 2 guitaristes inspirés, à la guitare électrique Pink Floyd devant le castel San Angelo.

  • À mi-journée, sur une terrasse, arrive un orage, toutes les tables se concentrent sous les parasols, un marchand de parapluies, heureux, survient, longe les tables. Ambiance felinienne, ça tonne, il pleut sur la piazza di San Lorenzo in Lucina, « Ombrelle, grande, picole, ombrelle ! » Brrroooommm…

  • Trastevere


un beau couple dans le Trastevere